La crise écologique planétaire, et l’incapacité du système international des États à y répondre, démontrent que « la condition humaine » est aujourd’hui universelle ; plus qu’elle ne l’a jamais été auparavant. Elle pousse l’Humanité à se penser aujourd’hui en « communauté-monde », à se constituer en « société-monde » et, à la manière d’une « nation-monde », à défendre collectivement sa survie et son avenir. L’Humanité peine déjà à se percevoir en communauté-monde, la conscience de partager un destin commun à l’échelle de la planète n’est encore pas assez largement partagée. De surcroît, seule la constitution d’une forme – quelle qu’elle soit – de pouvoir politique planétaire pourrait constituer une « société monde ». C’est la Constitution de la Confédération helvétique qui a forgé le sentiment d’être Suisse ; et c’est l’Union européenne qui construit aujourd’hui l’identité européenne. Le système international ou onusien contemporain, en revanche, fondé sur la diplomatie bi- ou multilatérale, ni même le G8 ou le G20 s’avèrent inopérant pour constituer le minimum de structure institutionnelle permettant de mettre en œuvre une gouvernance mondiale. Une gouvernance mondiale effective est pourtant indispensable aujourd’hui à la survie de l’Humanité sur terre, sans même parler ni des aspirations des êtres humains, à la liberté, à l’égalité et à la solidarité, ni encore moins de leur désir d’émancipation. Comment rendre opérante la gouvernance mondiale : voilà « l’enjeu du siècle » auquel nous devons nous engager à répondre. Il y aurait urgence ; mais nous n’en avons pas encore les outils théoriques pour y répondre, ni a fortiori les forces sociales et politiques nécessaires pour instaurer les conditions de cette gouvernance. Le propos de l'auteur dans ce cahier pourra apparaître à certains, comme « utopiste » et trop ambitieux : c’est parce qu’il ne se résigne pas à penser le monde avec les concepts à disposition, et parce qu’il se place résolument à un niveau d’action sociale particulièrement élevé : celui universel et mondial de l’Humanité. L’Humanité est ainsi considérée un « sujet historique », qui peine à émerger, à un moment charnière de la modernité politique, où la démocratie, fragilisée du local au national, est inexistante au seul niveau où les enjeux cruciaux de l’Humanité se posent aujourd’hui : celui du système mondial. Pour atteindre son but, l'auteur se pose quelques questions, lesquelles doivent contribuer à un nouveau paradigme de pensée qui à son tour mène à un nouveau paradigme d'action. Les voici: _ - comment définir le monde actuel dans sa différence d’avec les mondes précédents ? _ - comment définir la forme politique qui permettra la gouvernance mondiale ? _ - comment définir le mouvement qui permettrait un contrôle démocratique de la gouvernance mondiale ?