Par Arnaud Blin
Les politiques actuelles, en Occident, tentent de concilier la réalité des rapports de forces avec les réactions émotionnelles, les contraintes de l’opinion publique et le désir de poser (et de s’imposer) certains principes éthiques. Il en résulte une incurie face à un monde de plus en plus instable. La question est de savoir si l’on peut poursuivre dans cette voie ou si l’on devrait revenir aux principes classiques de la realpolitik. Et d’ailleurs, le pourrait-on ? Alors que les télévisions multiplient les images de chaos, Arnaud Blin nous offre une puissante réflexion sur l’ordre, les désordres et la gouvernance du monde. La realpolitik a mauvaise presse de nos jours. Associée aux politiques froides et égoïstes d’un passé révolu, symbole des atavismes dont le village global doit se débarrasser au plus vite, la realpolitik telle qu’elle fut encore pratiquée par un Kissinger, à une époque qui nous semble aujourd’hui bien lointaine, est désormais supplantée par les visions exaltées de politiques multilatérales menées par un collectif de bonne volonté, plus ou moins institutionnalisé, mais bien décidé, du moins en théorie, à refouler le réchauffement climatique et à reléguer l’usage de la force aux oubliettes d’une histoire en pleine mutation. Aujourd’hui, les épanchements émotionnels font partie du quotidien des dirigeants en charge de « gouverner » le monde et les grands principes moraux semblent parfois prendre le pas sur les tractations secrètes que les diplomates d’antan menaient avec doigté en dehors des regards de tous. Ajoutons à cela le regard fixé en permanence par nos mêmes gouvernants sur les sondages d’opinion et sur la prochaine échéance électorale et l’on ne peut que constater combien le passage de la politique internationale à la politique globale a transformé les attitudes et les pratiques dans un domaine qu’on désignait comme celui de la « politique étrangère » et qui devient peu à peu celui de la « gouvernance mondiale. » Source: diploweb.com