Par Gustavo Marin
Ex-directeur du Forum pour une nouvelle gouvernance mondiale. Docteur en Economie Politique.
Ce texte est la synthèse des conclusions de « quatre carrefours continentaux » qui se sont tenus en février 1995 : à Beïjing pour l’Asie, Rio de Janeiro pour l’Amérique, Paris pour l’Europe, Cape Town pour l’Afrique.
Ces carrefours simultanés, précédant le Sommet Social Mondial de Copenhague, ont réuni des citoyens de plus de 60 pays; ils sont le reflet d’une citoyenneté mondiale en formation, à la fois enracinée dans les réalités spécifiques locales, et prête à assumer la dimension mondiale des défis contemporains.
Face à l’apartheid social croissant qui plonge ses racines dans des causes planétaires communes, mais prend des formes et des intensités variées dans chaque région du monde, il est impossible d’agir isolément, ponctuellement, à un seul niveau. Une stratégie d’ensemble est indispensable, méthodiquement construite dans le temps. Elle suppose, au préalable, la mise en commun d’analyses et de propositions, entre les organisations, les réseaux, les cultures et les continents.
Les carrefours sont nés d’une convergence de désirs et d’une mise en commun d’énergies, de réseaux et de moyens entre une dynamique planétaire « une alliance pour un monde responsable et solidaire », née en 1994, et réunissant des personnes de plus de 80 pays autour d’une plate-forme commune, et diverses initiatives continentales, en particulier celles des organisateurs des carrefours : le Yanjing Group en Chine, le Southern African Development Education Programme en Afrique du Sud, IBASE au Brésil, Europe 99, Coordination Sud et le Réseau Européen de l’Economie Alternative et Solidaire en France.
Résultat d’un travail collectif, le texte est aussi et avant tout un point de départ pour aller à la rencontre d’autres désirs et d’autres initiatives, pour approfondir et faire prévaloir des stratégies s’attaquant aux racines de l’apartheid social.
Mais ce dernier ne peut être abordé et traité de façon isolé. Il n’est que l’expression la plus visible de la triple crise qui caractérise cette fin de vingtième siècle : crise des relations et des échanges entre les hommes, entre les sociétés, entre les hommes et leur milieu. C’est dans ce cadre plus large que nous devons mettre en chantier ensemble les mutations pour le siècle à venir.