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Title

Santé, Médicaments et Gouvernance

Date de création

Mercredi, octobre 21, 2009 - 05:13


(Version provisoire, 2009)

Dans les pays les moins avancés (PMA), un tiers de la population n'a pas un accès continu aux médicaments essentiels ou ne dispose pas des moyens nécessaires pour les acheter. Toutefois, si l’accès aux médicaments breveté est considérablement réduit, l’accès aux médicaments génériques n’est pas non plus assez répandu. C’est ainsi que la plupart de la population des PVD et des PMA n’a accès qu’à des traitements traditionnels (parmi lesquels on trouve les plantes médicinales, mais aussi d’autres genres de traitements tels que l’acupuncture) variant énormément en qualité.

Ces inégalités dans l’accès aux médicaments essentiels (« Les médicaments essentiels sont ceux qui satisfont aux besoins de la majorité de la population en matière de soins de santé ; ils doivent donc être disponibles à tous moments en quantité suffisante et sous la forme pharmaceutique appropriée » ) ne sont pas les seuls problèmes du système international de santé. Les effets d’une mondialisation et d’une urbanisation mal gérée entraînent aussi des conséquences néfastes sur la santé, telles qu’une accélération de la diffusion des maladies contagieuses ainsi qu’une augmentation des pathologies chroniques et non transmissibles. De plus, la nature même des maladies change continuellement et revêt de plus en plus un caractère multiple et complexe, ce qui rend la recherche toujours plus difficile et coûteuse.

Dans un tel scenario, il semble évident qu’une meilleure gestion des politiques de santé soit une priorité : la nécessité de pallier aux carences d’un système qui, toujours selon le rapport de l’OMS, n’a su fournir que des réponses « inadéquates et naïves » se fait ressentir. Accusé de « dériver d’une priorité à court terme à une autre » , le système nécessite aujourd’hui des réponses structurées et globales, capables d’entraîner un progrès commun, de réduire les inégalités entre les différents pays et notamment de combler l’écart entre le Nord et le Sud, qui se matérialise en particulier par un accès inégalitaire aux médicaments essentiels. Le lien entre amélioration du système sanitaire et amélioration de la gouvernance mondiale apparaît donc clairement.

Cette question de l'accès des PVD et PMA aux médicaments s'est trouvée et se trouve encore aujourd'hui au centre des débats relatifs aux droits de propriété intellectuelle qui ont lieu devant l'Organisation Mondiale du Commerce. Elle oppose notamment les grands laboratoires pharmaceutiques et pays développés, soucieux de conserver leurs monopoles grâce aux brevets, aux pays du Sud désireux d'obtenir un plus grand accès aux médicaments, plus particulièrement aux génériques afin de dispenser les soins nécessaires à leurs populations. Ce débat s'articule autour de la problématique suivante : la logique économique doit-elle primer sur la santé publique voire sur l'urgence sanitaire ?

Situées à la frontière de la réflexion et de l'action, les propositions dressées dans ce Cahier doivent à la fois servir de catalyseur pour un débat collectif au niveau international et constituer un outil permettant de valoriser et renforcer l'action des groupes et des individus qui travaillent à la mise en œuvre de nouvelles idées et de pratiques innovantes, à la hauteur des enjeux de ce début de millénaire. Il n’existe bien entendu aucune solution simple à ce défi, car le défaut d’accès aux médicaments essentiels des populations démunies résulte d’une multiplicité de facteurs.


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