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Quel acteur mondial la Chine sera-t-elle?

Date de création

Jeudi, avril 7, 2011 - 18:43


Depuis la première guerre de l’Opium, le navire de la modernisation de la Chine a connu maints revers et contretemps et, à ce jour, sa route n’est pas encore à l’abri d’écueils ou d’autres périls. Les jeux Olympiques de Beijing en 2008, l’Exposition universelle de Shanghai en 2010, témoignent du succès de la politique de réforme et d’ouverture menée au cours de ces trente dernières années, mais les Chinois savent pertinemment que la société chinoise n’est pas encore entrée dans une ère de paix et de prospérité, que les difficultés sont légion dans les domaines économique, politique et socio-culturel.

Sur le plan éconimique, on constate que la croissance chinoise durant les trente dernières années n’a pas été un but assigné à la seule économie, elle a également constitué un enjeu politique majeur. En d’autres termes, l’économie chinoise n’est pas seulement un mode d’enrichissement, elle représente aussi le socle de toute la légitimité du pouvoir politique. Sur le plan politique, on constate que la Chine doit encore construire les cadres institutionnels qui garantiront le succès final de la transition vers la modernisation. Or la mise en place d’une telle structure politique ne peut s’accomplir en dehors du parti au pouvoir, pas plus qu’elle ne peut compter entièrement sur lui pour sa réalisation. Dans le contexte actuel d’un État-parti, compter sur le parti au pouvoir pour résoudre les problèmes du contrôle et de l’équilibre des pouvoirs, de l’indépendance de la justice, de la nationalisation de l’armée, de la liberté de la presse, etc., paraît aussi difficile et aussi surprenant que de vouloir pratiquer sur soi-même une opération du cœur, du foie ou des reins. Sur le plan culturel, la Chine actuelle se présente comme un corps hybride composé d’une culture traditionnelle ancienne, ainsi que d’une culture socialiste et d’une culture capitaliste, toutes deux importées de l’Occident moderne et contemporain. Les heurts et les amalgames de ces trois composantes culturelles n’ont pas encore produit un nouveau système de valeurs, ni un nouvel ordre social. C’est un défi culturel que de penser une symbiose de civilisations où le meilleur de chacune d’elle aura droit de cité. Il s’agit concrètement de concilier deux approches de la société humaine, l’une fondée sur les droits, l’autre sur le « savoir vivre ensemble » (appelé en Chine « la société harmonieuse »), de trouver un équilibre entre l’esprit collectif, l’exigence de la communauté et le besoin d’autonomie et d’indépendance de l’individu.



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Par 陈力川 Chen Lichuan

Chen Lichuan est chroniqueur de la revue {Dialogue Transculturel,} directeur de l’Association {Culturemedia} et animateur du Pôle de travail sur la gouvernance en Chine en lien avec la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Ho...