Par Ana Hours
Le concept d’économie verte n’est pas nouveau en soi. La nécessité de se tourner vers une économie vertueuse du point de vue environnemental est une préoccupation qui monte en puissance depuis les années 70. Mais la conjonction des crises écologique, sociale et économique précipitée par la déstabilisation du système financier depuis 2008 rend pressente l’émergence d’un nouveau modèle économique perçu comme une voie de sortie de crise. Il est indispensable qu’émergent de nouveaux compromis, entre les différents blocs de pays, et, au sein de chacun d’eux, entre les acteurs économiques, pour opérer la transformation des modes de production et de consommation nécessaire à la paix et à la survie de l’humanité.
La transition vers une économie verte peut emprunter des voies multiples. Au-delà de l’exigence de
départ, relativement partagée, qui en fait une « économie sobre en carbone et respectueuse des
ressources naturelles » des visions très différentes transparaissent : quant au potentiel de la technologie, quant au rapport à la croissance, quant au système économique, quant aux modes de vie, et quant au mode de gouvernance.
Bien évidemment, il s’agit là surtout d’angles d’approche. Une réalité s’en dégage : la mutation en
cours devra couvrir la totalité de ces champs. C’est là un point de plus en plus reconnu. Par contre,
l’exploration de la manière de relier ces champs et de piloter la transition commence à peine. Elle
est évidemment compliquée par le caractère chaotique de la crise actuelle. Les pays ont de moins
en moins de marge de manœuvre autonome, la composante financière de l’économie devient hors
de contrôle tandis que les solidarités s’amenuisent à mesure que l’inquiétude grandit.
D’où l’importance des expérimentations, de l’attention aux initiatives citoyennes avant-gardistes.
D’où l’importance d’une projection collective, d’un travail prospectif sur l’économie que nous
voulons, sur les futurs souhaitables.
Tout l’enjeu est d’amorcer cette transition vers une économie écologique. Quel que soit le degré de
la conversion de notre modèle économique, quels que soient les chemins qu’emprunteront cette
transition (car les voies seront multiples, selon les territoires et selon les acteurs) ils devront faire
l’objet d’une construction collective. C’est une condition indispensable pour garantir l’acceptabilité
et l’efficacité des mutations radicales à amorcer. Les organisations syndicales y ont un rôle central à
jouer.
L’objet de ce rapport est, en premier lieu, de faire la clarté parmi les diverses conceptions avancées
sur l’économie verte. Dans un second temps sont décrites les caractéristiques d’une économie
écologique et équitable permettant de surmonter tout à la fois la crise écologique et la crise sociale.
Le rôle fondamental des territoires dans la transition nécessaire est évoqué en dernière partie, ils
sont les mieux placés pour inventer et expérimenter les voies de résilience et de transition.