Contribution au
_ Sommet des Peuples pour la Justice sociale et environnementale en défense des biens communs (Rio+20)
_ Rio de Janeiro, Brésil, 15-23 juin 2012 [[Ce Cahier de propositions a été rédigé par Candido Grzybowski, Directeur d'Ibase, en reprenant les présentations et le débat consacré aux fondements éthiques et philosophiques d'une biocivilisation à l’occasion du séminaire organisé par Ibase, le Forum pour une nouvelle gouvernance mondiale (FnGM) et Euralat à Rio de Janeiro du 10 au 12 août 2011. Il a servi également comme texte de base du groupe Ethique du Forum social thématique de Porto Alegre du 24 au 29 janvier 2012.]]
La crise dans laquelle nous sommes plongés en ce début de XXIème siècle est une expérience historique du quotidien, vécue et ressentie plus que pensée. Nous n'avons qu'une perception parfois lointaine de sa profondeur et sa radicalité. Réfléchir à son sujet c'est tracer une piste incertaine, un chemin encore à faire. Mais c'est une tâche urgente et nécessaire.
Les diagnostics sont nombreux et alarmants. Chaque jour, à travers la radio, la télévision, internet, les journaux et les revues, on voit apparaître les symptômes d'un mode de vie qui est en crise. Nous observons de la violence et des guerres de toutes sortes, intra et interpeuples, comme quelque chose d'intrinsèque à notre façon de vivre et de nous organiser aujourd’hui'hui comme sociétés humaines. La destruction environnementale a aussi pris le
dessus sur notre quotidien.
Nous possédons beaucoup de ressources alors que nous avons également beaucoup de carences. L'abondance de biens matériels de tous types, concentrée entre les mains de moins de 20% de la population mondiale, n'arrive pas à cacher le grand nombre d'êtres humains qui va se coucher en ayant faim le soir. Le productivisme et la consommation destructeurs gérant plus de luxe – et de déchets, en détruisant la vie et la nature - ont pris le dessus sur notre mode de vie. Nous accumulons des biens individuels, une pauvreté collective et le malheur humain.
Au sein des groupes et des mouvements sociaux minoritaires contestataires – les altermondialistes ou activistes de la citoyenneté planétaire naissante, comme je préfère les définir -, encore peu visibles sur l'espace public, nous utilisons l'expression crise de civilisation pour définir cette combinaison et cette simultanéité de nombreuses crises. La crise de la civilisation se caractérise, pour nous, par cette perte de réactivité du système dominant d'assurer la durabilité de la planète et de la vie pour les futures générations, et de répondre à l'injustice sociale et environnementale intra et inter-peuples aujourd'hui.
Penser les fondements d'une nouvelle civilisation et s'engager dans le long processus de restructuration sociale de la culture et du pouvoir que cela implique, est un impératif pour l'humanité. L’idée d'une biocivilisation va dans le sens de la quête d'un nouveau paradigme de la civilisation.
Le présent Cahier de Propositions se veut une contribution pour faire face aux questions posées ci-dessus. C'est un appel ouvert à la réflexion et à l'action politique transformatrice, construisant le chemin en marchant, comme disait le poète, plutôt que celui d'un plan déjà tracé. Il s'agit de la construction de thèmes de réflexion, certains plus clairs que d'autres, avec la préoccupation d'être cohérent et consistant, pas nécessairement exhaustif. Des thèmes
qui motivent et qui puissent servir de scénario de travail plus systématique d'analyse et de réflexion. Cependant, de la même façon, des thèmes qui se joignent à l'action politique qui alimentent, soutiennent et fortifient les acteurs collectifs et leurs luttes pour la transformation de la réalité.
Le cahier est organisé en deux parties. Une première qui traite plus de philosophie politique, de systématisation et de réflexion sur les fondements d'un nouveau paradigme, qui soutiennent déjà les luttes dans l'horizon historique de nos vies et qui articulés, peuvent pointer vers des projets possibles. La seconde partie sera axé sur l'action, sur les urgences et les actions politiques que, peut-être, nous devrions mettre en priorité avec les
acteurs collectifs qui souhaitent un autre monde, afin de rendre possible la transition vers un nouveau paradigme de civilisation à partir de maintenant.