À la suite de la parution du "Manifeste de l'eau" de Riccardo Petrella, une série de réunions a été organisée à Lisbonne autour de la problématique de l'accès à l'eau dans le monde. Ces rencontres ont abouti à la rédaction d'un manifeste pour un contrat mondial de l'eau. Ce texte est, depuis, devenu une référence pour tout mouvement qui agit ou souhaite agir pour l'accès à l'eau.
Dès sa parution, ce manifeste a servi de fondement à la constitution d'un certain nombre d'Associations pour le Contrat Mondial de l'Eau (ACME). Il en existe en Italie, en Belgique, en France, au Canada et depuis peu en Suisse et au Brésil...
Nous venons d'Afrique, d'Amérique Latine, d'Amérique du Nord, d'Asie, d'Europe. Nous nous sommes rassemblés à trois reprises en 1998 sans autre légitimité et représentativité que celle d'être des citoyens concernés par le fait qu'1.4 milliards de personnes sur 5.8 milliards d'habitants de la planète n'ont pas accès à l'eau potable, source primordiale de vie. Ce fait est inacceptable.
Or, le risque est grand qu'en 2020, lorsque la population mondiale atteindra environ les 8 milliards d'êtres humains, les personnes n'ayant pas accès à l'eau potable s'élèvent à plus de 3 milliards. Cela est inadmissible. On peut, on doit empêcher que l'inadmissible devienne acceptable.
Voici les principes qu'il faut soutenir: L'eau "source de vie" appartient en commun aux habitants de la Terre. Le droit à l'eau est un droit inaliénable individuel et collectif. L'eau doit contribuer à la solidarité de vie entre communautés, pays, sociétés, sexes et générations. L'accès à l'eau passe nécessairement par le partenariat. Il est temps de dépasser les logiques des "seigneurs de la guerre" et des conflits économiques pour l'hégémonie et la conquête des marchés. Nous pensons que la prise en charge financière de l'eau doit être à la fois collective et individuelle selon les principes de responsabilité et d'utilité. L'eau est une affaire de citoyenneté et de démocratie. Toute politique de l'eau implique un haut degré de démocratie au niveau local, national, continental et mondial.
Voici aussi les propositions, pour que ces principes et ces règles deviennent des réalités vivantes au cours des 20-25 prochaines années : la constitution d'un "réseau de parlements pour l'eau" ; la promotion de campagnes d'information, de sensibilisation et de mobilisation autour de "L'eau pour tous" ; la mise en place d'un Observatoire Mondial des Droits de l'Eau.