Par Susan George
Il est grand temps de redécouvrir les idées révolutionnaires de John Maynard Keynes pour une organisation syndicale internationale et de les adapter pour rééquilibrer les économies mondiales au 21ème siècle.
Dans l’après-guerre, l’économiste John Maynard Keynes présenta un projet novateur pour l’avenir du commerce mondial qu’il intitula Organisation mondiale du commerce (OMC), soutenu par une banque centrale internationale, la International Clearing Union (ICU). L’ICU devait émettre une devise mondiale pour le commerce, le bancor. Les raisons pour lesquelles l’OMC et l’ICU n’ont jamais vu le jour et l’impact que ces entités auraient pu avoir constituent une histoire dont nous pouvons tirer des leçons.
Cette histoire nous raconte que dans un monde rationnel, il serait possible de construire un système commercial au service des populations du Nord et du Sud. Avec une OMC et une ICU nous aurions pu construire un ordre mondial dans lequel aucun pays n’aurait présenté de déficit commercial (le déficit des États-Unis s’élevait à 716 milliards de dollars en 2005) ni d’excédent commercial comme celui que connaît la Chine contemporaine.
Sous un tel système, bien qu'il n’eût pas aboli le capitalisme, la dette écrasante des pays du Tiers-monde, et les politiques d’ajustement structurel dévastatrices appliquées par la Banque mondiale et le FMI auraient été impensables. Si nous pouvions raviver le concept de Keynes, un autre monde pourrait être possible : il en trouva le mode de fonctionnement il y a plus de 60 ans. Son plan aurait été dépoussiéré et peaufiné, mais son principe central serait resté le même.