Ce document a pour vocation de présenter trois arguments clés à prendre en compte pour le processus de réorganisation de l’ordre mondial et de la refonte d’une nouvelle architecture de la gouvernance mondiale. Tout d’abord, il aborde le thème du continent africain et des Africains, perçus comme un problème à résoudre plutôt que comme un peuple ayant son mot à dire dans la politique internationale. Un appel est lancé au continent Africain pour transcender son rôle secondaire actuel en matière de relations internationales et pour faire entendre sa voix dans la gouvernance mondiale. Deuxièmement, le document prône l'histoire orale comme moyen idéal de faire entendre la voix des « acteurs secondaires » actuels au Conseil des droits de l’homme et comme méthodologie centrale pour comprendre les différents cas de violation des droits de l’homme. Enfin, le texte aborde l’importante question de savoir quelles valeurs et quelles voix devraient sous-tendre le discours des droits de l’homme et de la gouvernance mondiale.
En cette période cruciale de notre histoire, donner la responsabilité au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies de promouvoir les droits universels de l’homme est un point positif, dès lors que celui-ci continue de rendre le dialogue possible, et rompt le puissant monologue hégémonique et l’impérialisme culturel des pays occidentaux.
L’universalisme actuel n’est pas un produit de la démocratie et du consensus, mais a en grande partie été créé par la conquête et la violence. La principale crise du régime actuel des droits de l’homme tient au fait qu’il prend la forme d’un néo-libéralisme euro-américain se cachant sous le masque de l’universalisme, et impose ainsi ses valeurs centrales au monde, ce qui provoque inévitablement des contestations et des résistances. L’universalisme devrait favoriser la réalisation d’efforts progressifs, et ne pas être le produit de la conquête et de la domination.
À l’heure où la planète se réinvente en « village planétaire », les droits individuels ne sont plus appropriés ni suffisants comme base à une coexistence pacifique entre les hommes de la grande famille mondiale. L’image de la planète en tant que « village » soulève la question de l’importance des droits communaux pour que ce village soit habitable. Elle soulève également la question des valeurs devant sous-tendre la vie dans ce village.
Ce village devrait être régi par l’idéologie Ubuntu, qui souligne l’interdépendance des êtres humains. Dans l’idéologie Ubuntu, les acteurs secondaires ont également une place pour vivre. Cette idéologie insiste sur l’importance de l’empathie, du partage et de la coopération.