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Pour une gouvernance démocratique du secteur de la sécurité

Date de création

Vendredi, octobre 29, 2010 - 20:05


Il apparaît désormais que le traitement de l’insécurité et de la violence ne peut plus reposer sur l’usage exclusif de la force qui n’en traite que les effets. La nouvelle gouvernance mondiale doit s’attacher en priorité au traitement des causes de l’insécurité, toujours liées à l’absence de développement économique et au non-respect des droits de l’Homme.

Ce déplacement du centre de gravité des priorités impose que le secteur de la sécurité soit contrôlé plus efficacement par un système de représentation démocratique rénové au niveau international, régional et national. Ce système de représentation démocratique rénové redonnerait au politique sa place centrale qui est l’institutionnalisation du conflit, c’est-à-dire le développement non-violent du conflit par le débat politique, et non pas son occultation. Il permettrait à chaque acteur de disposer de la capacité d’exercer pleinement ses attributions : information, contrôle et initiative des citoyens à travers la société civile et la représentation législative, direction et pilotage par le pouvoir exécutif civil, mise en oeuvre et conseil par les autorités de sécurité chargées du commandement des moyens.

Cette approche rénovée n’est possible qu’à la condition que chacun ait les moyens et la volonté d’exercer ses responsabilités. Elle implique aussi que tout programme de réforme soit étroitement coordonné avec les programmes de développement et de rétablissement des droits de l’homme. Elle implique enfin une approche globale et coordonnée de la réforme du secteur de la sécurité, profondément enracinée dans le contexte culturel, historique et géographique local, intégrée aux enjeux régionaux et mise en oeuvre dans la durée par les acteurs locaux eux-mêmes.

Ce cahier de propositions pose les bases de ce qui s’annonce comme une révolution dans les affaires militaires et de sécurité, peut-être même une révolution dans la pratique de la démocratie, avec des conséquences à long terme qui pourraient être profondes. Fort de l’expérience de terrain et de la réflexion que son auteur mène depuis des années sur les relations complexes et parfois ambiguës qui s’installent entre gouvernements, secteurs de la sécurité et société civile, il a été produit cette analyse d’une grande originalité qu’accompagnent des propositions concrètes de réforme et des recommandations permettant d’envisager la construction d’une gouvernance mondiale, à la fois durable et responsable, qui apporterait au plus grand nombre ce à quoi aspirent tous les individus de la planète: la sécurité.

Dans ce dossier on ne s’interrogera pas sur la meilleure façon de conduire des opérations de guerre ou de maintien de l’ordre une fois qu’un conflit est engagé. Mais on essayera d’identifier les mesures qu’il conviendrait de prendre dans le domaine de la gouvernance du secteur de la sécurité pour, au minimum éviter que celui-ci ne soit lui-même générateur de violence et d’insécurité, et au mieux permettre qu’il contribue réellement à l’amélioration de la sécurité pour tous.


Attached files pdf_575_Courtivron_def_-_Pour_une_gouvernance_democratique_du_secteur_de_la_securite.pdf ( B) 

Par Hugues de Courtivron

Général de Brigade (r.) de l’armée française. Il a servi 35 années dans l’armée de terre française où il a occupé des postes de responsabilité en France et Nouvelle-Calédonie, en Allemagne , en Bosnie-Herzégovine (FORPRONU) et au K...